
Depuis plus d’une décennie, Vanessa Riera éprouve les matières textiles dans un champ de recherche allant de la récupération à la valorisation en passant par la confection, la réutilisation et la transformation. Pour l’ensemble de ses projets, la matière engagée est traitée avec dignité et les cultures et traditions empruntées au gré des rencontres tissent une trame profondément humaine. Les frontières du savoir-faire artisanal s’effacent, tout devient poreux, et l’échange fluide.
De ses premiers travaux – lorsque Vanessa nous donnait à voir, à revêtir ou à porter – elle s’est progressivement ouverte à des champs plus étendus et proches de l’histoire de l’art. C’est ainsi que sont nés les « tableaux » composés de cadres de sérigraphie recyclés et de fil de soie progressivement mis en tension autour du métal. La matière du fil leur confère un caractère fragile et, paradoxalement, c’est lorsque ce dernier se casse que la « toile » est achevée, la rupture vient donner sa forme finale à la pièce. L’ensemble qui s’était progressivement tendu lors de la composition retrouve son aspect organique.
Seulement la fibre dont est faite Vanessa Riera se nourrit avant tout d’expériences collaboratives et, souvent, expérimentales. Son identité propre d’artiste n’a de sens que dans le partage de ses valeurs. Ainsi, s’entourant de tout type de personnes et tous les corps de métiers qui voudraient s’exprimer, elle se déplace d’aventure en aventure. De tissus noués par des participant.e.s à un grillage de poule – mimant ainsi l’élaboration de certains tapis – à la création d’une collection de mode faite du démantèlement des rejets de la « fast-fashion », chaque projet convoque pour une union symbolique et/ou critique des femmes, des hommes, des ami.e.s, des jeunes migrant.e.s, des artistes… des êtres humains.
Le travail plastique de Vanessa Riera expérimente les “capacités” de divers textiles ainsi que le détournement de techniques de fabrication issues de cultures diverses. Elle crée des oeuvres qui puisent leur source dans l’architecture, la nature, les mots, mais surtout l’humain. Souvent les sculptures, structures et installations prennent vie une fois que les corps les activent.
Au fil du temps, sa conscience de l’impact de la production textile, tant sur l’humain que sur les ressources naturelles, l’a amenée à créer à partir de vêtements récupérés, issus de l’industrie de la fast fashion. Elle fabrique aussi ses matières, en collaboration avec des artisan.e.s.